lundi 28 mai 2012

Mariage et union, encore un effort pour être républicain

« Je propose, au lieu d’ouvrir le mariage, de le supprimer ou plutôt de le confondre avec le PACS en un contrat universel ouvert à davantage de possibilités ». Cette phrase trouvée dans un compte-rendu de  Le contrat universel : au-delà du mariage gay, de Lionel LABOSSE (1), correspond tellement à des idées qui me trottaient depuis très longtemps dans la tête (j’ai des témoins) que, sans avoir lu l’ouvrage, je voudrais avancer quelques arguments dans le même sens.

Car l’enjeu me semble moins celui du mariage gay, qui agite le monde, que le questionnement du mariage lui-même et son dépassement dans les sociétés contemporaines, au crible de la laïcité.

Dissocier union et sexualité


De fait, le mariage implique la relation sexuelle entre ceux qu’il unit. Il la permet, pour les religions qui l’interdisent en dehors de ce lien. Il la restreint, dès lors que toute relation sexuelle autre est cause reconnue de rupture du mariage. Il la transcende, pour certains, dans la proclamation d’un amour  réciproque.

Mais la société républicaine, et laïque, a-t-elle à connaître de la vie sexuelle des individus, et encore plus à la régir ? La formule prononcée par l’officier d’état-civil qui procède à un mariage mentionne l’obligation de fidélité, et de vivre sous un même toit. Est-ce bien nécessaire ?

L’évolution des mœurs a largement libéralisé le sexe avant, pendant  et après mariage. Ce qui très largement n’est même plus considéré comme une infidélité n’est invoqué, de fait, comme raison de divorce que lorsqu’il y a volonté de divorce. C'est-à-dire de mettre fin à une union qui n’est plus désirée, voulue. Où l’un au moins ne se sent plus heureux. Une relation sexuelle hors mariage peut être une raison valable – et légalement reconnue – de divorcer, ce n’est plus (cela n’a jamais vraiment été) une cause suffisante.

Dans une république laïque, la loi n’a pas à considérer qui couche avec qui. Ni même à préconiser ce qui est bon ou pas en la matière. J’entends entre gens majeurs et consentants, bien entendu. La fidélité au sens traditionnel, l’exclusivité de la relation sexuelle avec le conjoint, relève de l’engagement individuel, du libre choix fait entre deux personnes, et dont les éventuels manquements se gèrent entre elles, selon les accommodements ou non qu’elles auront décidé. D’ailleurs, la fidélité aujourd’hui, dans la pratique, a un tout autre contenu, s’accommode d’écarts, de coups de canifs, d’arrangements dans un vaste éventail qui va jusqu’au modus vivendi de Sartre et Beauvoir. La fidélité, l’exclusivité à l’ancienne se justifiait surtout comme liée à la succession : avoir l’assurance que la progéniture avait bien été conçue par Monsieur, et que seraient exclus de l’héritage ce qu’il aurait pu concevoir à droite ou à gauche. L’évolution de la législation sur ce point, l’extension des familles recomposées, la reconnaissance de paternité, ont changé la donne et donné à la fidélité un sens plus profond, plus spirituel, plus authentique. Mais aussi la lient au domaine strictement privé, au même titre que le religieux. J’y vois un progrès certain.

Inversement, pourquoi deux personnes, qui voudraient partager leur vie et leur destin,  devraient-elles copuler ? Leur union ne pourrait-elle être reconnue que si elles sont sensées coucher ensemble – et exclusivement ?  Là encore c’est intrinsèque au mariage, susceptible d’être dissous, notamment par l’Eglise, s’il y a non-consommation.  Même chose pour les autres religions du Livre. Mais la république doit-elle considérer cet aspect ?

Fidélité et solidarité


Ce qui regarde la société laïque, c’est le libre choix d’individus de se lier, de s’engager à une solidarité complète, réciproque et à l’égard de la progéniture commune ou de chacun. De fait ce qui constitue les droits et devoirs qui lient aujourd’hui des époux dans le cadre du mariage. Dans leur totalité, y compris ce qui relève de la filiation, et peut-être même au-delà.

Dès lors ce contrat instituerait une solidarité qui règlerait toutes les implications sociales de l’union de ces individus, laissant la fidélité, et la sexualité, relever de leur choix privé. S’ils veulent se jurer fidélité éternelle, se promettre de ne jamais connaître quiconque autre charnellement – sublime engagement – ils ont toute latitude de le faire, Et de le proclamer urbi et orbi dans une cérémonie qui leur sied. S’ils veulent sanctifier cet engagement sous les auspices d’une religion et de ses rites, liberté complète. Que cette religion reconnaisse ou non la légitimité de ce couple (dans le cas où il serait de même sexe par exemple) est l’affaire de cette religion et de ses fidèles, pas de la république.

Car on l’a déjà compris, cette union basée sur la solidarité n’a plus à considérer le sexe des individus qui la contractent. La question n’a plus d’objet. La préférence sexuelle est reconnue pleinement comme il se doit en république, c'est-à-dire par l’indifférence.

Au-delà, cette union peut reconnaître le lien de solidarité de vie entre deux personnes qui n’ont aucune relation d’ordre sexuel mais partagent leur vie. Par exemple deux frères, ou un frère et une sœur. Rappelons nous, au moment de l’institution du PACS, cette possibilité avait été abordée, mais rejetée. Trop décoiffant, car PACS et sexe n’avaient pas été clairement dissociés. Mais c’était injuste. J’ai à l’esprit le cas d’un frère et d’une sœur restés célibataires, qui habitaient ensemble la maison familiale après le départ du reste de la fratrie. Le décès des parents aurait pu les chasser du bien familial, il n’en a rien été. Mais à la mort de la sœur, le frère s’est retrouvé à la rue, très âgé. Une union  protègerait le dernier vivant.

Si ces situations, souvent plutôt rurales, sont devenues moins nombreuses, faut-il pour autant les exclure, voire les décourager ?

Deux et plus


Conséquence aussi : rien ne justifie que l’union ne concerne que deux individus. Rien ne devrait interdire qu’elle unisse plusieurs individus pleinement consentants, j’avancerais jusqu’à cinq.

Certes, notre conception de la famille repose – et certainement reposera très longtemps encore, on peut même le souhaiter -  sur le couple formé de deux individus, partageant si possible de l’amour. Notons que cette dernière caractéristique est historiquement assez neuve. Notons aussi que ce n’est que très récemment que l’on commence à admettre que ledit couple peut aussi bien être formé d’individus de même sexe. Comme quoi tout ce qui semble évidence, allant de soi, est aussi historique et change avec le temps.

Si le couple amoureux est immensément majoritaire dans notre société et notre culture commune, s’il faut peut-être veiller à ce qu’il le reste, doit-il pour autant s’ériger en norme exclusive, et interdire toute autre forme d’union ?

Il n’est secret pour personne que cet impératif de couple n’a jamais empêché les liaisons, passagères ou non, stériles ou comblée d’enfants. La conséquence ? L’impératif du choix et de l’abandon, la vie dans le secret et dans la honte, le déchirement souvent, le drame parfois. Notre conception, très largement partagée, de la relation amoureuse sur le mode de l’avoir et de la possession (« Je suis à toi », « Tu m’appartiens ») implique l’exclusivité du sentiment amoureux, et de la relation sexuelle.. Comme si on ne pouvait aimer plusieurs fois, ou que consécutivement. Comme si tout amour n’était pas unique, différent, et qu’un individu ne pouvait jouer que sur un seul registre. Comme si le cœur était un gâteau qui ne pouvait que se partager, une énergie non renouvelable. La littérature du monde nous montre qu’il n’en est rien. Mais admettons cette conception largement partagée de l’exclusivité. Là encore la loi doit-elle en faire une norme ? S’immiscer pour interdire là où seule la sphère privée est concernée ?

On est d’ailleurs en pleine ambiguïté. Dès lors que l’adultère n’est plus un délit puni par la loi, que faire des liaisons hors mariages, qui ont des implications sociales en termes de biens et de personnes, les enfants notamment. La possibilité de reconnaissance de paternité  a ouvert une brèche dans la norme du couple. Pourquoi ne pas en tirer les conséquences ?

D’autres cultures, d’ores et déjà très représentées parmi nos citoyens, admettent que la famille puisse être multiple : polygame. C’est un sujet on ne peut plus sensible, clivant, qui suscite dès le mot prononcé des réactions passionnelles, irrationnelles. Pour avoir vécu en pays d’Islam très longtemps, pour avoir connu des tas de gens, écouté des tas d’amis, je me suis rendu compte que la question mérite nuances, mises en perspectives, appréhension des situations en contextes. Non pour approuver, mais pour ne pas se contenter de diaboliser. Considérer les faits, la vérité des relations sociales, sans généraliser hâtivement, au nom de principes brandis qui dissimulent mal des a priori douteux. Une seule question : quelle est la femme la mieux protégée de la seconde épouse d’un homme aimant et juste, ou de la maîtresse plus ou moins secrète d’un bourgeois XIXème, fût-il aussi  juste et attentionné ? Je vous renvoie là encore à notre littérature. Une anecdote : j’ai même connu une féministe qui avait choisi de devenir seconde épouse d’un homme intelligent pour garder une liberté que son célibat dans une société très machiste l’empêchait de goûter. Paradoxe.

Alors ouvrir l’union à plus que deux individus est-il antiféministe ? Du tout, dès lors que l’union associe des individus majeurs pleinement consentants – l’évolution de notre société permet aujourd’hui de penser que chacun peut se soustraire à des pressions, à des unions forcées. Et il est du ressort de la république d’aider ceux qui subiraient ces pressions. Dès lors aussi  qu’elle ne permet pas seulement la polygamie, mais toutes les associations d’individus : polyandrie, plusieurs individus de même sexe, deux couples, etc. Une femme peut ne pas vouloir choisir entre deux hommes, et ceux-ci s’accommoder parfaitement de ce partage. Un homme, ou une femme, peut souhaiter avoir une liaison forte avec quelqu’un du même sexe tout en ayant par ailleurs une famille classique dont le conjoint accepterait pleinement cette situation. Là encore, qu’il y ait relation sexuelle ou pas entre tous ou partie des membres de l’union n’est pas pertinent. Et s’il y a, elle ne peut être que librement consentie. Toute relation sexuelle forcée, au sein d’une union ou au dehors, doit être punie. Comme au sein d’un couple d’aujourd’hui, d’ailleurs. Là est le progrès, le gain de liberté : non dans la forme de l’union mais dans les principes éminents du consentement et de la liberté.

Je parlais de deux couples. Une anecdote encore. Enfant, j’avais pour voisins, qui habitaient ensemble, deux couples. Deux frères et leurs épouses, plus l’enfant d’un des couples, l’autre ne pouvant en avoir. L’un des maris naviguait au long cours, et était absent la plupart du temps. L’autre, à la marseillaise, était très peu à la maison.  Les deux femmes vivaient ensemble, couple classique, l’une l’autre grande, maigre, menait la barque, l’autre, petite boulotte rigolote suivait en  mettant la gaité. Si la petite était la mère biologique, c’est la grande qui assurait l’essentiel de l’éducation de l’enfant commun, de fait .Le destin a voulu que chacun vive vieux, quand l’enfant était largement majeure. Que les maris meurent d’abord, les femmes peu l’une après l’autre, que la dernière en vie ait pu rester dans l’appartement qui désormais appartenait à la fille. Mais qu’en serait-il allé s’il en avait été différemment ? Un contrat d’union aurait sécurisé chacun, alors que les deux mariages distincts rendaient cet équilibre précaire. Une union à quatre donc, où la morale était sauve, chacun avec sa chacune. On dira que cette situation est peu commune. Ca sent sa méditerranée, avec un parfum d’antan. Mais est-ce si sûr ? Même rare, pourquoi empêcher ? Sans encourager de tels cas de figure, ouvrir le champ de ce possible peut aussi rencontrer l’adhésion d’individus qui n’y pensaient même pas, tant l’absence de statut légal le rendaient impensable.

J’ai parlé de limiter à cinq membres la taille d’une union. Car il faut limiter. Une union reste un statut privé, une affaire d’individus, pas de groupes L’extension indéfinie tournerait à l’association, où à la secte. Pourquoi cinq ? comme ça, Pour ne pas en rester à deux couples, pour élargir les possibles, sans aller au n’importe quoi. Ou parce que les doigts de la main, s’il faut trouver un symbole.

Conclusion


Il s’agirait donc d’instituer une union universelle, dont les individus qui la contracteraient jouiraient des mêmes droits et devoirs à l’égard l’un à l’égard de l’autre ou des autres et de la société que ce qui existe actuellement entre deux individus mariés.

Un même individu ne pourrait participer à une seule union à la fois, même s’il pourrait à titre individuel être tenu par les conséquences civiles ou financières d’une union qu’il aurait contractée précédemment et dont il serait sorti.

Le mariage serait dès lors un des cas de figure de cette union, pour ceux qui souhaiteraient compléter cette union d’un engagement mutuel. Engagement qui pourrait ou non être pris devant les autorités civiles, pourquoi pas ? Et bien entendu liberté totale est conservé à quiconque souhaiterait sanctifier leur union auprès d’une Eglise ou d’une religion quelconque, ou d’une cérémonie non religieuse qui mettrait du rituel et de la solennité dans une vie qui en manque souvent.

On peut d’ailleurs imaginer qu’une union – ou une extension de l’union – soit célébrée par un officier d’état-civil, et non à la va-vite et presque furtivement chez un notaire ou un homme de loi.

Objections


J’entends de là les rares lecteurs qui n’ont pas encore fui horrifiés aiguiser d’innombrables objections. Abordons-en quelques-unes.

Une façon détournée d’accepter la polygamie ?


L’union ne serait-elle pas le cheval de Troie de la polygamie musulmane ? celle qui provoque tant de crispations, de passions échevelées, de fantasmes, car la polygamie consécutive, celle qui oblige à l’abandon d’une ou d’un pour passer à l’autre, tout en gardant souvent des liens forts – amicaux, financiers, liés à l‘éducation des enfants – est plus que fréquente. Elle contraint au choix, aux déchirements, à la cessation de la relation sexuelle, au conflit. Nous vivons de fait une situation, dans bien des cas, de polygamie ou polyandrie contrariée. Les règles sociales poussent au drame en contraignant à la stricte bigamie. Ou alors on s’accommode de solutions bancales, de bonheurs gâchés ou recouverts par le mensonge et l’hypocrisie. Le coming out tardif d’un de nos anciens présidents a ouvert une brèche, il convient de la formaliser.

Revenons aux musulmans, nos compatriotes, ou ceux qui vivent parmi nous. L’évolution des mœurs, des modèles sociaux, en particuliers les avancées vers l’égalité entre hommes et femmes font que leur immense majorité a intégré le couple comme l’idéal de vie commune. Garçons comme filles, en fait. Le véritable frein à la polygamie traditionnelle, ce n’est pas l’interdiction, c’est l’évolution des idées, l’émancipation, les valeurs de liberté et d’égalité. Il y a certes encore des polygames, résiduels, encore nombreux cependant, en particulier dans les populations récemment immigrées, originaires de régions souvent rurales et traditionnelles On a une épouse ici et l’autre ou les autres au pays. Ou on a plusieurs épouses ici, l’une officielle, les autres sans statut, vulnérables, répudiables ou abandonnables à merci, sans protection aucune. Voire avec un statut de mères isolées, qui permet de bénéficier de prestations que les épouses n’ont pas. La loi actuelle n’empêche pas la polygamie, elle rend simplement la vie compliquée et difficile et finit par pénaliser qui elle est censée protéger. Ou créer des situations d’aubaine et d’injustice. La solution n’est pas dans l’interdiction, mais dans la conviction, la diffusion des valeurs. Et le respect des règlements, dans leur esprit aussi.

Les enfants


Autre objection, les enfants, puisque l’union donne les mêmes droits et devoirs que le mariage actuel. Qu’adviendrait-il de l’équilibre d’enfants nés ou adoptés, élevés dans une union à la composition complexe ou selon certains bizarre ? Je m’en tiendrai là à ce qui est mon intime conviction que dès lors qu’un enfant bénéficie d’attention, de reconnaissance et d’amour dans un environnement serein, il a des chances de s’épanouir en un adulte équilibré. Admettons que c’est plus facile dans le cadre d’une famille constituée par un couple de sexe opposé. Mais combien d’enfants d’hétérosexuels souffrent de manquer de l’un ou l’autre de ces ingrédients ?

Les abus


Bien entendu, il pourra y en avoir, et d’ordres très divers, moins inhérents à l’union elle-même qu’à des détournements, qu’il conviendra de prévenir. Par exemple les unions de complaisance, pour des histoires d’intérêt ou pour faciliter l’installation sur le territoire. Cela existe déjà actuellement avec les mariages blancs et le PACS actuel. Comment faire la part des choses entre le légitime désir de deux (ou plusieurs) personnes d’unir leurs destins, et les fraudes de tous ordres ? Plusieurs moyens sont possibles, pour ces questions délicates. Cela ne relève pas en fait de l’union, mais des politiques de contrôle migratoire. Et des dispositions peuvent être trouvées qui concilient rigueur, liberté et justice. On peut ne pas lier automatiquement l’autorisation de séjour à la conclusion d’une union, la soumettre à des critères. On peut la conditionner au régime sous lequel l’union est souscrite : si elle implique la communauté des biens, celui qui la souscrit aura réfléchi à deux fois.

 Plutôt donc que débattre sur l’opportunité d’ouvrir le mariage aux homosexuels, il est préférable de reconsidérer le mariage, d’en écarter ce qui relève encore du religieux et de la conscience individuelle pour réserver cette dimension – éminemment respectable - à la sphère privée, et de s’en tenir à ce qui concerne le fonctionnement social. Bref, de faire encore un effort pour être républicain.
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[1] contribution au Monde du 18 mai intitulée « Un contrat universel à plusieurs plutôt qu’un mariage à deux, fût-il gay »


1 commentaire:

  1. Bonjour Joël. Je pense l'argumentaire impeccable si la prémisse de départ -- que le mariage a à voir avec le sexe et la religion -- est exacte. Or je ne la trouve pour ma part que très relativement vraie, quoique, comme tu verras, je demeure d'accord avec toi.

    Oui, le mariage est affaire de sexe et de religion, mais pas principalement. S'il est question de réfléchir sur cette question en partant des "fondements" (et non de la situation actuelle dans un pays développé et à société laïque comme la France), on verra que le mariage avait surtout à voir avec la transmission du nom et du patrimoine, c'était une manière de stabiliser la succession sociale et économique en excluant les enfants "illégitimes" du détenteur du nom et du patrimoine (le père, en général) et en garantissant que les enfants sont bien ceux dudit détenteur (puisque, de façon immédiate, le père n'est pas sûr - contrairement à la mère - que l'enfant est de lui: d'où l'insistance sur la fidélité de l'épouse, bien plus que sur celle de l'époux, en oubliant, bien entendu, que le noeud du problème est bien la grande mesure d'irresponsabilité sexuelle des hommes).

    A mon avis, la sacralisation, dans ses voies multiples et ses expressions diverses, n'est qu'une manière coutumière d'estampiller des droits et des obligations (de souveraineté divine) sur une nécessité de l'économie sociale. Cette nécessité a longtemps existé dans les anciens régimes sociaux -- et persiste encore largement parmi nous autres africains -- mais a perdu de sa teneur dans les régimes modernes. Dès lors que l'on ne voit plus ce soubassement d'économie sociale, on n'est plus frappé que de la loi sacrée qui liait les choses, et qui paraît désuète et inutilement oppressive. Mais comme les opposants au mariage gay aussi ne se réfèrent qu'à cette loi, et que les lois ont un effet autonome qui finit par dépasser les problèmes qu'elles ont initialement résolus, tu n'as somme toute pas tort d'organiser ton assaut par ce biais.

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