Tombé sur un document intéressant dans le Guardian* du 20 juin cette carte des
réfugiés de par le monde. Elle remet bien les choses en perspective, détruit pas
mal d’idées reçues, et réserve de grandes surprises.
Qui sait que la Colombie compte le plus de réfugiés, et de
loin au monde ? Déplacés intérieurs, certes, mais déplacés quand même.
La Chine accueille largement plus de réfugiés qu’on ne la
fuit.
Les Etats-Unis et le Canada attirent peu – ou reçoivent peu, autant ou
moins que la France dirait-on. Et ya un petit point qui dit qu’au moins un
certain nombre de US Citizens (à peu près autant que de Laotiens, de Yéménites,
de Vénézuéliens ou de Marocains ) ont cherché refuge à l’étranger !
Perplexité.
Même après avoir vu le chiffre, je n’imagine pas ce que
peut-être un camp, comme celui de Dabaad, au Kenya, près de la frontière
somalienne, où s’entassent 500 000 déplacés.
Y a-t-il même encore autant d’habitants
à Mogadiscio ? Cela me semble insensé. J’en avais entendu parler, de
Dabaad (il y a des Somali à Lamu), mais
j’étais loin d’imaginer cette taille. 500 000 ! Plus que des
métropoles régionales françaises, de gens sans ressources et sans activités
dépendants de l’aide. Comment les
organisations internationales gèrent-elles une population pareille ? Comment
les terroristes shebabs ne s’y trouveraient pas comme poissons dans l’eau ?
Pourquoi l’ONU n’a-t-il pas plutôt éclaté cette masse en plusieurs entités davantage
contrôlables ?
Qui eût dit que l’Irak et la Syrie recueillaient un nombre
finalement substantiel de réfugiés étrangers ? Ils viennent d’où ? Des
Irakiens réfugiés de longtemps et pris au piège en Syrie. Des Syriens pour qui
l’Irak, finalement, est plus sûr que chez eux ?
A ce propos, encore plus étonnant est le tableau qui va avec :
On m’aurait demandé les 10 pays d’accueil du plus grand
nombre de réfugiés, j’aurais presque eu tout faux. Comme quoi, le Top 10 des destinations
des déplacés ne se superpose pas avec celles du Club Med : le Pakistan et
l’Iran en tête !! Certes, l’Afghanistan s’y déverse de part et d’autre …
mais vous le saviez ? On m’aurait dit l’Iran grande terre d’asile, j’aurais
fait un contresens sur ce dernier mot.
Autre surprise, la 3ème place de l’Allemagne. Pas de voisin en guerre. Pas de lien
historique avec des pays du Sud troublés. Comme le dit la légende de l’article.
« Avec une population de 590 000 réfugiés, l’Allemagne laisse la France
(218 000) et l’Angleterre (150 000) loin derrière. » Etonnant.
Des réfugiés qui viennent d’où ? de partout ? J’ai mauvais esprit :
les Allemands, mine de rien, n’attireraient-ils pas, parmi les réfugiés, les
plus qualifiés, les mieux formés, les forces vives, pour renforcer leur
démographie déclinante ?
Un que je ne m’attendais pas à trouver là, bon 4ème,
c’est le Kenya – Somalie oblige (cf.supra). Un demi-million dans un seul camp,
ça vous booste dans le classement.
La fin est tout aussi déroutante. Aucun des grands pays au droitdelhommisme incantatoire. Absents les
USA, le Royaume Uni ; absente la France aussi, quoiqu’on en ait. Mais la
Chine, et voici qui nous en rabat. Car on se rend compte ici que le phénomène
des réfugiés – considéré quantitativement – est d’abord un problème de
proximité, de voisinage de conflit. Pas de grandeur d’âme. Et ce sont presque
toujours des pays fort pauvres (Tchad, Ethiopie) qui en supportent le fardeau.
Tiens un dernier point, sur la liste des pays dont la
population fuit. Petite dernière, mais quand même 10ème au monde,
et avec 285 000 réfugiés, l’Erythrée
d’Afeworki. Pour à peine plus de 6,2M d’habitants au total , ce n’est pas
mal !