Après les derniers naufrages |
Il y a eu la Collaboration, puis la Shoha et les
déportations de Juifs, il y a l’esclavage et la traite négrière, la
colonisation et ses expositions d’indigènes in situ, illustrées récemment au
Musée Branly, sous le patronage des plus respectables personnalités. Autant
d’infamies remontées du passé, où l’horreur et le crime ont été perpétrés chez
nous, par les nôtres. Auxquelles la population globalement a assisté passive,
indifférente, en participant parfois, en bénéficiant – plus ou moins
directement – toujours, même si sans le savoir. Et la dénonciation,
indisspensable pour les générations qui montent, de dire en sous-jacent que nous
sommes tous implicitement les complices.
Je ne doute pas que la prochaine de ces infamies, qui sera
montrée du doigt dans cinq, dix, vingt ans, sera le sort réservé aux migrants,
qui meurent noyés en Méditerranée ou dans l’Atlantique, dans les soutes des
avions, en traversant le désert, pris aux pièges des conflits des pays de
transit, victimes des exactions des passeurs... Ceux qui tentent tout, risquent
leur vie, pour fuir leur pays et atteindre la galère qui leur semble un
fabuleux espoir.
Pas de jour, pas de mois, sans que le nombre de morts ne
soit lourd. Pour ne parler que de ceux qui sont connus, recensés, retrouvés. Un
dixième, un centième de ceux qui disparaissent à jamais dans les sables ou les
eaux ?
Car si certains tentent de rejoindre l’Europe à tout prix,
d’autres ont pour but Mayotte, le Guyane, ou la péninsule arabe, l’Australie,
les pays prospères d’Asie.
Il y aura bientôt des monuments, des stèles à Lampedusa, à
Gibraltar. On conservera des pans de barbelés autour de Ceuta, pour mémoire.
Les murs qui s’érigent à des frontières projetteront leurs sinistres ombres.
Des historiens tenteront de dresser des listes de victimes. De chiffrer.
Nul doute.
Pour autant l’indignation, la compassion, naturelles et
nécessaires, ne font rien avancer, que monter d’un cran quand les chiffres
atteignent des records, que se déliter quand on revient à l’ordinaire.
Qu’est-ce qui pousse tous ces jeunes pour la plupart à
risquer leur vie, en connaissance de cause, pour gagner des rivages hostiles où
ils vont, ils le savent, galérer malgré l’espoir de s’en sortir quand même ?
Comment les dissuader de courir ce
risque fou ?
Car la parole de Rocard
reste incontournable : on ne peut accueillir tous les candidats à l’émigration.
Que faire alors ? « Accueillir largement, expulser
résolument » me semble depuis longtemps être la politique humaine, raisonnable
et de gauche à suivre. Il faut que je
développe ça, cessant de procrastiner.
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