Ainsi pourrait s'énoncer une politique progressiste de l'immigration.
Les quelques idées énoncées ici, sommairement, ont été développées dans une autre note de blog, que vous pourrez lire en suivant ce lien.Préambule : De quoi sera faite la honte de demain
La mort des migrants – en mer ou en chemin – sera
demain une honte comme l’esclavage ou l’holocauste. La mort n’arrête pas le
migrant. Comment sortir, à gauche ou avec progressisme, du dilemme : fermeture/portes grandes
ouvertes ?
Avant-propos : Faire des migrants des atouts pour le
pays.
D’abord, il est impératif de prendre en charge dignement les
arrivants. Statuer rapidement sur leurs demandes et appliquer les décisions. Trouver
la bonne manière de les accueillir, selon une hospitalité attentive et adaptée,
avec un personnel formé à ces modalités. Faciliter leur insertion dans la vie
de la société. Autant d’objectifs que pouvoirs publics et associations doivent
se donner ensemble.
Idée 1 : Barrage contre le Pacifique, rien n’empêche
La réponse de l’Europe : s’enfermer. On rejette ainsi les voyageurs de bonne foi. Cela n’empêche pas les entrées, qui forcent
la porte par tous les moyens. La souffrance, le danger, la mort ne découragent
pas.
Idée 2 : Une politique contre-productive
C’est inefficace
et contre-productif. On rejette les « bien intentionnés », et les
autres passent quand même. Cela crée du ressentiment chez tous, qui se sentent
rejetés, victimes d’injustice. Cela crée de la haine, dans notre arrière-cour,
et même chez nous. Cela favorise l’immigration clandestine : qui a la
chance de passer reste, l’occasion ne se représentera plus. La politique
actuelle est un échec complet. Que faire
d’autre pour TARIR les flux ?
Idée 3 : L’appel de « Là-bas »
On ne peut, d’évidence, accueillir tous les candidats
à l’immigration. Ils sont millions. Le déséquilibre des niveaux de
développement en est la cause. Mais en attendant que les pays du Sud émergent
(il faut les y aider), il faut trouver des pis aller, des solutions transitoires, les moins injustes possibles, reposant sur
des règles claires qui fassent la part à l’humain.
Idée 4 : Régulariser ?
On se focalise sur le clandestin. Pour en faire une
victime – ou un bouc émissaire. Mais c’est s’enfermer dans un dilemme
insoluble. Etre clandestin est dur à vivre, dans la précarité permanente, mais
c’est aussi s’être mis dans l’illégalité. Immigrer
clandestinement n’est pas un crime – on ne peut en tenir rigueur moralement
aux individus – mais une société doit
faire respecter les lois qu’elle s’est données.
De plus, les
clandestins posent des questions sociales, à leur corps défendant. Tantôt
ils pèsent lourdement sur les réguliers
qui les entretiennent, dont ils rendent difficile l’intégration. Tantôt ils sont mis en servitude par ces derniers,
qui profitent de leur fragilité. Les deux situations sont inacceptables socialement et humainement. Contraire à des valeurs progressistes.
Idée 5 : D’une vraie solidarité
Si les clandestins peuvent mériter une bienveillance
humaine à titre individuel, la solidarité
à leur égard ne peut être érigée en politique, car elle est partielle, et
inadéquate. (1) La clandestinité génère des situations inacceptables. (2) La
régularisation massive ne fait pas cesser la clandestinité, elle constitue au
contraire un encouragement à émigrer. (3) On a ses clandestins comme on avait
ses pauvres : charité de dames-patronnesses. (4) On ne s’émeut que de ceux
qui viennent mourir sous nos yeux : pure sensiblerie. (5) On donne la
prime aux risque-tout et aux meilleurs tricheurs, ceux qui sont passés. (6) On
ignore ceux qui voudraient venir, et qu’on rejette en masse. DONC, c’est le contraire d’une solidarité avec les
populations du Sud.
Idée 6 : L’Afrique, notre arrière-cour
L’Afrique n’est pas un continent étranger. Nous sommes
inextricablement liés. A travers nos citoyens qui en sont originaires, à
travers les immigrés en situation régulière qui résident chez nous, à travers
les clandestins, à travers les populations qui l’habitent, dont les
représentations, les imaginaires sont pétris, à notre égard, d’un affect
complexe résultat d’une longue histoire.
Il est très imprudent de se faire des ennemis. Les attentes à notre égard
sont nombreuses, parfois faites d’illusions, ou fantasmatiques, impossibles,
dans leur globalité, souvent, à satisfaire. Mais que la désillusion,
inévitable, arrive avec un ressenti de mépris, d’indifférence, d’incompréhension,
d’humiliation, alors l’hostilité, la haine surgissent naturellement. Or, notre politique migratoire actuelle est
une machine à produire ce processus.
Idée 7 : Accueillir largement
Quelle pire marque d’hostilité, quelle pire
humiliation que de se faire fermer la porte par celui à qui on veut rendre
visite, avec qui on se sent un rapport étroit ? Il faut ouvrir les portes, donner des visas,
accueillir ceux qui veulent venir nous voir, voir à quoi ressemble l’Europe,
ces nouvelles couches moyennes qui veulent dépenser et profiter. Ceux qui
veulent visiter leur famille. Mais aussi attirer ceux qui veulent étudier, se
former, si on veut avoir encore quelque
rayonnement à l’avenir.
Idée 8 : Former les élites : la vie après les études
C’est un enjeu d’avenir majeur : former les
élites des pays en développement. Pas seulement pour les études, mais aussi
pour les débuts professionnels. L’avenir de l’Afrique se fera avec les
Africains qui seront partis ailleurs, qui seront revenus avec de l’expérience,
une connaissance du travail, du management, et de l’activité économique. Mais
aussi avec des réseaux, des technicités, des attachements. Les laisser partir
ailleurs, c’est se priver d’avenir. DONC (1),
favoriser les visas d’étude, (2) favoriser les périodes de travail en
entreprises, (3) favoriser les retours pour aller exercer au pays, avec la
garantie de retour possible en cas de déboire.
Idée 9 : Expulser résolument
Mais cet accueil,
très large, doit être réglementé et
contrôlé. Les autorisations de séjour sur le territoire sont limitées dans
le temps, et cette limite doit être respectée. Tout dépassement doit être sanctionné par l’expulsion. Sans état
d’âme. Cela doit être expliqué dès avant aux intéressés, ainsi qu’à l’opinion.
L’objectif est (1) de faire respecter la loi – ce qui est une demande populaire
forte, et (2) de rendre vaine
l’immigration irrégulière, et ainsi en tarir le flux : on ne dépense
pas des fortunes, on ne risque pas la mort pour un projet inutile.
Idée 10 : Une immigration choisie, et non subie
Les flux migratoires ne doivent plus être subis, mais
acceptés et contrôlés. L’expression « immigration choisie » a été
détournée, accolée à une mauvaise politique. Il faut lui redonner un contenu positif, fait de valeurs de solidarité, de légalité
républicaine, de justice aussi en donnant leur chance aux gens de bonne
foi, et non plus aux fraudeurs et risque-tout. Le clandestin ne doit plus être
une victime, mais quelqu’un qui n’a pas tenu ses engagements.
Idée 11 : Modalités pratiques : le coût
Expulser un clandestin coûte très cher. Pour financer
cette politique, il faut à la fois générer
des moyens, et dissuader la clandestinité. (1) Créer un fonds, alimenté par
exemple par une augmentation des visas, une taxe minime sur les billets
d’avion, etc. (2) Exiger des
personnes constituant un « risque migratoire » (actuellement rejetés)
un dépôt de garantie, restitué lors
du retour dans les temps
Idée 12 : Modalités pratiques : la mise en œuvre
La mise en œuvre de ces dispositions ne poserait pas
de problème particulier à nos Consulats. En France, les procédures actuelles
datent, et sont inadaptées à l’évolution du problème. Le contrôle des
mouvements migratoires devrait être confié à un ministère spécifique : leur bonne gestion n’est pas une
affaire de police mais de gestion d’une ressource pour le pays. Parallèlement,
pour traiter rapidement les infractions au droit de séjour, on pourrait créer des instances de jugement spécifiques, qui
déchargeraient les tribunaux et accéléreraient les expulsions.
La question des
réfugiés
Idée 13 : PREAMBULE
Poser des principes :
lorsqu’une crise grave éclate dans un pays (1) les populations victimes qui tentent de la fuir doivent bénéficier de solidarité ;
(2) ce ne doit pas être un fardeau pour
les pays limitrophes où les populations affluent ; (3) ce ne doit pas être une aubaine pour
une migration « rêvée ».
Idée 14 : Distinguer : exilé, réfugié, migrant
L’exilé est un individu qui ne peut rentrer dans son pays car
il y est personnellement menacé. Le
réfugié a fui en masse une situation de crise, en attendant qu’elle se
résolve. Il est dans un groupe, il est
traité collectivement, souvent dans des camps organisés par des instances
internationales. S’il dépose, à titre individuel, une demande d’asile qui est approuvée, il est alors accueilli dans un autre pays où il bénéficie du statut de réfugié.
Sa condition n’est alors pas différente de celle de l’exilé. Le migrant quitte son pays sur décision
individuelle sans menace autre que l’impossibilité ressentie à s’y accomplir,
ou à répondre aux attentes des siens.
Idée 15 : Répondre aux
demandes d’asile
Il faut poursuivre la tradition française de générosité d’accueil, mais avec discernement. L’octroi du statut
de réfugié aux demandeurs d’asile parvenus sur le territoire français doit se
faire (1) avec rigueur, lorsque la
menace subie est avérée et (2) avec rapidité,
pour éviter de créer des situations de fait. Il peut aussi relever du tribunal
spécialisé mentionné précédemment. Mais il faut peut-être accroître très sensiblement l’asile accordé aux demandeurs placés en
camps de réfugiés. Une façon d’avoir une immigration large et choisie.
Idée 16 : Une réponse internationale aux situations de crise
Les populations
de réfugiés, générés par les
situations de crise, relèvent d’un
traitement international, à travers des instances multilatérales opérant en
coordination avec les pays voisins ou proches des foyers de crise. C’est la
vocation d’un UNHCR qui serait réformé,
dé-bureaucratisé, apte à répondre à l’urgence comme à gérer le devenir de ces
populations à moyen terme. Dans l’attente,
l’Union Européenne peut aussi, collectivement, prendre sa part, voire se
montrer pionnière.
Idée 17 : Les migrants, en conclusion
Les réfugiés sont dans des situations transitoires. A terme, la plupart
retourneront chez eux. Certains auront été accueillis dans un pays avec statut
de réfugié, ou essaieront de migrer.
Ainsi, dans tous les cas, l’axe d’une politique audacieuse, responsable,
généreuse et durable, tient dans les deux termes indissociables :
« Accueillir largement, expulser résolument », une politique fondée
sur des valeurs d’ouverture, de justice, mais aussi de rigueur et de respect
des engagements.
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