mercredi 19 janvier 2011

C'est du rythme, tous les choses c'est du rythme

Un petit bijou de film sur la musique et le quotidien, dégoté par Qudus.
Je partage.
En hommage à la culture malinké.

lundi 17 janvier 2011

Un arbre qui tombe fait plus de bruit qu'une forêt qui pousse

C'est d'Abd el Malik, à propos du vivre ensemble et de l'image de l'Islam, regrettant qu'on ne voie que les extrémismes et les crises, sans percevoir ce qui se passe au jour le jour, dans l'immense majorité modérée.
Joli, non ? Même si ce n'est pas de lui, mais un proverbe immémorial, il fallait le dire.

Il a dit plus, au gars qu'il avait en face :
" Vous savez quoi de l'Islam ? Moi je viens d'un quartier, un quartier difficile. La communauté musulmane, les Musulmans, c'est beaucoup plus complexe que ce que vous dites.
On est pris en otages par certaines personnes, une minorité. Et vous, vous faites la promo de ça ! Vous savez très bien qu'un arbre qui tombe fait plus de bruit qu'une forêt qui pousse, et ces gens-là, ils sont spectaculaires, ils font beaucoup de bruit. Ils prônent une vision totalement décalée de l'Islam, qui n'est pas l'Islam.

Abd al Malik - Photo : BFC

Pourquoi vous ne parlez pas, à un moment donné, des gens positifs, des gens qui font avancer les choses, qui comprennent que la spiritualité de l'Islam, ce n'est pas quelque chose de l'ordre du privé, mais de l'ordre de l'intime. et qu'on a besoin de ces valeurs républicaines, laïques, démocratiques , pour garantir le fait qu'on soit juif, chrétien, boudhiste ou musulman, qu'on puisse vivre ensemble.Il y a énormément de musulmans qui sont dans une démarche comme ça.
Aujourd'hui, il y a beaucoup de peur, les gens surfent sur la peur. Aussi, à un moment donné, il faut qu'on sorte des peurs.
Pou r moi, il y a un défi essentiel qu'on doit tous relever aujourd'hui, qui est relever le défi du VIVRE ENSEMBLE. La France d'aujourd'hui n'est pas la France d'hier.
Aujourd'hui, la diversté n'est pas une tare, c'est un cadeau.
On doit trouver ce qui nous rassemble. Pourquoi toujours chercher ce qui nous sépare ? C'est là le problème."

Il aurait pu s'adresser à l'ensemble des médias.
Quel défi que de faire entendre la poussée des feuilles, de faire sentir la croissance des troncs !
Mais aussi, il faut que ceux-là dont ils parlent, lui par exemple, les autres, se fassent entendre, se prononcent haut et clair.
Que ne s'emparent-ils du vent comment le font les filaos, les pins, les chênes ?

mercredi 12 janvier 2011

La culture forte de Laferrière

Encore une fois, Dany Laferrière est inspiré. Il est très certainement ma dernière grande découverte en date, arrivé dans mon paysage quand Haïti s’y profilait en termes d’amitié, heureuse coïncidence.
J’avais souri charmé au Je suis un écrivain japonais, j’avais du coup sauté sur Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer, avec ravissement, avant de me plonger dans l’envoûtement de l’Enigme du retour. Et chaque fois que je l’avais entendu à la radio, un plaisir d’humour, d’humanité substantielle, de fulgurances.

Le séisme du 12 janvier est passé par là, il y a un an jour pour jour. Le Nouvel Obs publie une excellente interview, à lire dans son entier 
Mais je veux ici en retenir deux extraits, qui tournent autour d’une seule idée à mes yeux majeures.

"D’autre part, les pays de la Caraïbe ont besoin de tourisme pour vivre. Or s’il n’y a pas une culture forte, ça va être du tourisme sexuel… Il faut créer l’image que si l’on vient en Haïti, c’est pour autre chose: parce qu’il y a de la vie, que le pays est habité, qu’il y a des gens à rencontrer… Ça pourrait donner une autre proposition de voyage. Pas de tourisme: de voyage! Allez donc voir Haïti, plutôt que d’envoyer de l’argent aveuglément en vous demandant où il va. Allez voir, vous rencontrerez des gens, vous nouerez des partenariats, de quelque manière que ce soit. Vivez cette expérience avec des individus qui, tout de même, sont indomptables! Allez voir ces gens qui ont résisté aux séismes, aux inondations, aux élections, à tout! "
"D. Laferrière.- Oui, c’est pour ça que je ne cherche pas de légitimité territoriale. Même dans mes livres, je n’ai jamais caché mon passé… Au contraire. Je ne cherche pas une pureté nationale parce que je crois au mixage. Pas exactement au métissage, mais à une forme d’hybridité. Il y a beaucoup d’écrivains du sud qui viennent dans le nord et qui gomment leur expérience du nord quand ils retournent chez eux. Moi je souhaite que cette expérience soit connue. Je ne veux pas avoir pensé plus de trente ans à l’extérieur et que ça ne se sente pas! Ce serait une fausseté, il faut que ça se voie. Ça se vit. Il faut que les gens qui sont toujours restés à l’intérieur voient que quelqu’un est parti, puis revenu. Dans le temps, on peut acquérir de nouvelles expériences, il y a la possibilité de bouger dans sa structure humaine. Quand un jeune homme voit que c’est possible sans perdre de son essence, c’est énorme. Oui, on peut voyager très longtemps et parler de l’odeur du café. On peut faire ça. On peut cumuler, additionner les cultures, rester ouvert au reste du monde et sans risque de perdre son essence. On peut changer, et garder des rapports souterrains avec ce que l’on a été."
D’abord, quel encouragement à nous qui, avec Geneviève, prévoyons justement un voyage en Haïti, à la fin avril, au sens qu’il donne au voyage, d’aller à la rencontre, de « nouer des partenariats », de « vivre avec ». Ce que nous essayons de faire depuis toujours, je crois. Depuis l’Ouganda où on a vite vu que la faune des parcs, certes, les paysages somptueux, assurément, mais que l’intérêt véritable était les gens. Partager avec eux, mesurer ce qu’on a de commun, malgré parfois toutes apparences, se frotter à leur différence pour la découvrir mais aussi pour se connaître à cette épreuve. Car on s’y met en danger, il y a péril, mise à nu de soi, on se découvre. Passage obligé pour se retrouver, pour que l’échange se fasse.
D’où ce qu’il dit d’essentiel : oui, on peut partager avec d’autres cultures, changer à leurs contacts, profondément même (« bouger dans sa structure humaine »), j’ajouterais se bonifier à cet échange. Et tout cela « sans perdre son essence » s’il y a une culture forte.
C’est là le point central. Toutes les réactions de repli sur soi, individuelles ou collectives, les peurs au contact de l’autre, de son intrusion, sont symptômes de faiblesse, de vulnérabilité. On n’est perverti, déculturé, assimilé, ou quelque soit le terme, que si son essence ne résiste pas au frottement, cède au contact.
C’est la leçon de Lamu, qui absorbe la modernité tel qu’en lui-même, depuis trente ans qu’on le connaît. C’est aussi ma vie, en quelque sorte.

mardi 4 janvier 2011

Violences en Côte d'Ivoire

Témoignage d’un Burkinabé résidant en Côte d’Ivoire, à Grand Bassam (ancienne capitale coloniale, plage courue à environ 30 km d’Abidjan). Je reprends verbatim cet échange sur le net, qui atteste des violences qui ont cours, mais aussi d'une certaine résignation à leur égard, parmi la population. Et notamment ces Burkinabé nés sur place, mais considérés comme étrangers, tenus pour des soutiens de Ouattara, cibles potentielles de représailles en cas d'affrontement, comme ils l'ont été en 2002 et 2004.
C’était le 22 décembre. Un chat au hasard du net, devenu, je crois, un document.

moi je suis a grand bassam ici tous va bien
- ok, on m'a dit qu'on avait tiré sur des gens à la sortie de la mosquée vendredi dernier?
tu fais quoi à Bassam?
non il on lense agrinogen (ils ont lancé des grenades lacrymogènes) les gens on blile (les gens ont brûlé) la voitir de police il son venir fais couri (ils ont fait fuir les gens) les on deux mort sa va. (il y a eu deux morts, ça va)
- quand même!!!! il y a eu deux morts tu dis? militaires ou civils? tu fais quoi à Bassam?
sivil moi je suis mecanicien auto et moto
- ok, très bien. Des Ivoiriens qui sont morts? ou Burkinabé ? quels âges ?
non boukinabé les mort un boukinabé un iroiriens moi j'ai 34ans (non, un Burkinabe et un Ivoirien sont morts)
- tu sais les âges qu'ils avaient les deux morts? ils ont été tués dans la mosquée? à quel endroit? par balles ?
non pas a la mosque a coté de la police les desiemme ou fare (le deuxième au Fare)
- qui a été tué à côté de la mosquée? et quels âges?
il a 20ans le boukinabé
- c'est une balle qui a tué le jeune? à quel endroit il est mort?, tu le connaissais?
oui balle il est mort a cote de la police a 100m.je le connais trés bien .
- il faisait quoi ce jeune à Bassam? il était la depuis longtemps? tu t'appelles comment toi? et depuis quand tu es à Bassam?
oui il est née ici bassam .il marche n'est il etait derier les coupe (il marchait, il était derrière le groupe) moi je m'appelle XXX
- il était derrière quoi? pas compris
les homme eté bouceoup (il y avait beaucoup de gens) balle la trouve derier (il a reçu une balle alors qu’il était à l’arrière)
- ok, et l'autre ivoirien? quel âge? tué au même endroit?
il a 26ans non l'autre au fare
- au fare c'est quoi? il faisait quoi comme métier l'ivoirien ?
au fare un quartie de bassam il regade la tele balle est rentre dans le nur il est moi (mort) 26ans un ivoirien
- Tu travailles où à Bassam ? depuis combien de temps tu es à Bassam? et en Côte d’Ivoire ?
moi je suis née ici je traille garaje chez XX j'ai travalle a XX 6 ans que j'ai laise (j’ai travaillé dans un hôtel 6 ans mais j’ai arrêté) je veux le garaje
oke les siber (cyber) ferme je te donne mon imail...'XXX@yahoo.fr) tu m'ecrir