L’actualité bruit
–presque autant que des législatives ou de la crise de l’euro – du débat sur la
longueur des vacances de Toussaint. Deux jours de plus, de moins l‘été, rentrée
la veille... Le changement serait de s’interroger sur la survie du bon vieux
trimestre, sur sa pertinence actuelle.
D’où sort-il ? Mes
bons vieux souvenirs, les vacances de Noël et de Pâques découpaient trois
belles tranches. La quatrième, c’était l’été, les vacances, à mordre à pleines
dents jusque presque fin septembre. Entre temps, les années bonnes, quelques
gros weekends selon comment tombaient les jours fériés.
Tout cela a bien
changé. Les travaux des champs avaient déjà cessé d’imposer leur rythme au
calendrier scolaire. Septembre est devenu studieux. Il est apparu plus sain de
faire alterner des périodes de sept semaines de travail avec si possible deux
de repos, tout en jonglant avec les grandes fêtes, Noël et Jour de l’An. Exit
Pâques, qui tombe ou non pendant des vacances qui ne portent plus ce nom, devenues
plutôt et d’hiver et de printemps.
Mais cela a perturbé un
équilibre, qu’il a fallu retrouver. Du coup, le premier trimestre se termine fin
novembre, le second quelque part fin mars ou début avril. C’est bancal !
En effet, une fois les
notes arrêtées pour les conseils de classe, qui se tiennent courant décembre,
chacun, sans se l’avouer, attend en roue libre ou presque les vacances de Noël.
Difficile de se remotiver pour se dire que c’est déjà le second trimestre qui
court. Trois semaines molles. De ce second trimestre, il ne reste donc en
janvier qu’au mieux six bonnes semaines, interrompues par des vacances d’hiver
parfois fort précoces. Ca casse le rythme, et les jambes.
Il se termine, le
second, au milieu de nulle part, limite tout aussi abstraite que les 45° de
latitude ou le méridien de Greenwich, pourtant décisifs. Là encore, rien qui le
marque, on passe au dernier trimestre pendant que des conseils de classe
arrivent à se coincer entre des vacances, et quand on revient de celles de
printemps, on sent bien que les carottes sont cuites : quelques semaines
et c’est la débandade des examens, des révisions, des bouclages hâtifs de
programmes, entre deux voyages à l’étranger, présentation des pièces de théâtre
et œuvres de l’année, au milieu des semaines de mai à trous et à ponts. Bref
sauf pour ceux qui bachotent, on n’est pas dans la concentration absolue.
Ma proposition :
vive le semestre (ou un autre nom à trouver, car ils ne font pas six mois, mais
qu’importe). Le premier se clorait aux incontournables fêtes de fin d’année. Le
second reprendrait en janvier jusqu’aux grandes vacances.
Les objections déjà
pleuvent. Voyons-en quelques unes.
Longueurs différentes.
Certes. Mais le second doit inclure toute cette partie en demi-teinte d’examens
et d’activités diverses et variées, période de clôture, queue de comète, qu’il
faut intégrer, et qui rétablit de l’équilibre dans la durée effective de
travail concentré.
Les vacances intermédiaires ? Pareil. L’alternance
sept/deux fait ses preuves. Le premier semestre comprendrait ainsi deux
séquences de sept ou huit semaines effectives, l’échéance de fin de semestre en
décembre conserverait les muscles bandés. Les deux périodes de vacances d’hiver
et de printemps ponctueraient le second trimestre en trois séquences plus
brèves.
Les conseils de classe.
Ils sont en effet essentiels pour une appréhension globale de l’élève, pour le
conseiller, lui envoyer des messages. Il y en a trois aujourd’hui, et ce n’est
pas de trop, à chaque fin de trimestre. Mais sont-ils bien placés ? Le
premier, courant décembre, arrive bien tard. Combien d’élèves découvre-t-on
sous un jour nouveau à cette occasion ? Combien de fois où, quand l’équipe
pédagogique se réunit pour parler de chacun, un point est soulevé, une facette
de la personnalité d’un élève apparaît, qui change le point de vue. Mais il est
déjà bien tard. L’année est très largement entamée, les plis sont pris, le
paquebot est lancé … Le second conseil, en mars ou avril, envisage les
décisions d’orientation à venir, et ne peut souvent aller au-delà
d’incantatoires « doit se ressaisir si …», ou « doit améliorer
ses notes en … s’il veut… ». Mais quand arrivent ces exhortations avec le
bulletin, il ne reste plus rien ou presque pour changer le cours des choses.
Le rythme du semestre
permettrait une première réunion de l’équipe
pédagogique vers la Toussaint. Une première concertation, en format plus
léger qu’un conseil. Le premier vrai conseil, avec notes et moyennes, en
janvier, pourrait déjà se prononcer sur un parcours, et donc sur des
perspectives, des rectifications de trajectoires qui apparaîtraient à l’élève
comme des objectifs possibles. Faut-il un autre point à mi parcours du second semestre,
avant le conseil de fin juin ? Ce n‘est pas à exclure.
Le semestre – largement
pratiqué dans l’enseignement supérieur – semble donc s’adapter mieux aux
rythmes qui au fil des ans ont remodelé le temps scolaire de la IIIème République.
Il aurait aussi un autre avantage – ici provocation – il permettrait
l’introduction d’enseignements semestriels qu’il serait bon de réenvisager,
jetés qu’ils ont été avec l’eau du bain de la réforme Darcos.
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