mardi 7 décembre 2010

A propos du don

Je dois à France-Culture de transfigurer mes trajets en voiture et en train, boulot ou plaisir. Emissions en direct sur l’autoradio (quelle impatience dans les zones mal couvertes, où il faut tendre l’oreille parmi les parasites, ou pester d’avoir perdu la bonne longueur d’onde ! )  ou entassées dans la mémoire de l’i Phone, pour un voyage à venir.
Bien rare si le sujet est rasoir ; ou si je ne trouve pas pépite à méditer.
Et s’il m’arrive, dans un TGV tardif ou du petit matin, de m’assoupir de  plaisir à découvrir Malesherbes pour me retrouver dans un échange sur Le Misanthrope, il faut en blâmer la semaine de travail, pas l’intérêt de l’émission. Tranche de vie.

A propos de pépite, ou de diamant, cette citation d’Alain Caillé, extraite de Théorie anti utilitariste de l’action - fragments d'une sociologie générale (La Découverte, 2010) entendue dans Les Nouveaux chemins de la connaissance du 01 octobre 2010 :  

 « Intérêt pour soi et aimance, obligation et liberté, voilà les quatre pôles du don.
Toujours étroitement imbriqués.
Le don est hybride, soutient Marcel MAUSS.
Non seulement l’intérêt pour autrui y ramène à l’intérêt pour soi, et réciproquement. Non seulement l’obligation est celle de la liberté, et la liberté permet de s’acquitter de ses obligations. Mais il faut qu’il en soit ainsi.
Un don purement instrumental et intéressé échoue à nouer le lien social nécessaire à la satisfaction des intérêts de tous.
Un don purement altruiste auquel le donateur ne trouverait pas son compte et qui humilie le donataire tournerait au sacrifice et potentiellement au massacre généralisé.
Un don purement obligé, mécanique et rituel, perdrait toute sa magie.
Et un don purement gratuit s’abîmerait dans le non-sens. »

Comme je m’y retrouve, à tant d’égards !
Comme on peut parfois trouver formulée une conception diffuse, mais intuition profonde, qu’on ne s’est pas encore donné la peine d’énoncer, ou qu’on se trouve incapable d‘approfondir assez pour l’exprimer clairement.
Tant y est dit, sur les rapports que j’essaie d’avoir avec les uns ou les autres, sur mon apprentissage toujours continué auprès de mes relations africaines, sur la critique d’un humanitaire dont nous avons suivi les méandres, sur une certaine pratique de l’aide au développement aussi.
A creuser.

Pour que le plaisir soit complet, il y a eu aussi, du même, dans le même ouvrage, ces quelques aphorismes, eux aussi chargés de substance :

« La solidarité est ce qui succède à la charité en démocratie.
La charité suppose une asymétrie entre donateur et donataire.
La philanthropie restaure les tutelles, abandonne l’horizon d’égalité. »

C’est clair. Il semblerait que l’essentiel était dit par Marcel MAUSS, dans Essai sur le don, en 1924.
Je ne le lirai certainement jamais, même Raphaël ENTHOVEN (gloire à ce gars, il étincelle d'intelligence et de culture) disait que c'était difficile .....

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