Cette affaire est quand même bien mal emmanchée (no pun intended). On s’enferre dans des débats sans fin. C’est pourtant simple.
Le mariage reconnaît à un couple un certain nombre de droits et de devoirs, en matière de patrimoine, en matière de filiation, que l’enfant soit conçu ou adopté. Avec la loi à venir, Il ne s’agit pas d’AUTORISER un couple dont les deux membres sont de même sexe à avoir ces droits et devoirs mais de CESSER DE LEUR REFUSER ces droits.
Pourquoi ce refus, par essence discriminatoire ? Des traditions parfois millénaires, des arguments théologiques ou moraux hautement respectables dans la logique de certaines fois qui doivent être respectées : voilà sur quoi on s'appuie. Mais la République n’a pas à en connaître, et refuser au nom de ces principes.
Rassurons largement, ça peut mériter la peine d’être dit : les hétérosexuels pourront continuer à se marier entre eux ! personne ne sera contraint à convoler avec une personne de son sexe ! Les instances religieuses ne seront pas obligées de célébrer de tels mariages ( à chaque religion son débat interne, qu’ils s’en débrouillent ! ). Much ado for nothing. Pronostiquons : cela ne concernera qu’un nombre limité de couples – l’expérience du PACS l’atteste. Pas de quoi bouleverser la société, où ces couples d’ailleurs sont déjà là, existent, de fait, mais fragilisés. Et élèvent déjà souvent des enfants, dont le sort est aussi fragilisé par le statut de leurs parents de fait.
REFUSER la reconnaissance du mariage à tous, c’est en fait, au fond des choses, vouloir imposer un modèle moral, condamner un mode de vie : ce n’est en dernière analyse que de l’homophobie.
Comme on s’en défend, on parle des dangers pour les enfants, dans la formation de leur personnalité et leur insertion sociale. Aucune étude sérieuse n’a montré, ni sur la durée en France, ni dans d’autres pays, qu’il y a péril à être élevé par des parents homosexuels. On n’en devient pas pédé ou gouine pour autant, semble-t-il aussi, s’il faut rassurer encore.
On dit qu’il faut, pour un développement harmonieux, avoir un père et une mère – au passage, il est stupide de supprimer ces termes. Concédons, admettons, dans un grand esprit d’ouverture, que c’est souvent un avantage au départ que de grandir au sein d’une famille aimante, présente, à l’aise, bref heureuse. Certes, mais sont-elles toutes comme ça, les familles ? Qui peut me jurer qu’il est pire d’avoir des parents homosexuels qu’alcooliques, en querelles perpétuelles, absents ou ultrapossessifs, humiliants ou surprotecteurs, que sais-je encore. Ca n’existe pas ? à moi Jules Renard, Mauriac, la littérature en est pleine. Alors, si vraiment handicap il y a pour l’enfant, il n’est a priori pas plus grave que bien d’autres causes de souffrances et de perturbations vécues entre un papa et une maman. L’argument du bien de l’enfant ne tient pas, ou alors vaut pour tout couple : qui prône un permis .d'élever ?
Alors pourquoi manifester ? Pour clamer qu’il faut persévérer à refuser des droits à des individus de notre société au prétexte qu’ils ont une conduite non illicite que l’on réprouve ? Pour se prêter à une instrumentalisation politique qui clive la société et rebat les cartes de la droite ? Je ne vois rien d’autre, ou alors dites-moi.
C’était ma petite contribution au mauvais débat actuel, ma position restant celle précédemment (voir rubrique Mariage).
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