mardi 15 octobre 2013

Férions la Fête du Mouton

Aujourd’hui , les Musulmans du monde célèbrent leur fête religieuse la plus importante de l’année, celle qui commémore le sacrifice d’Abraham. C'est-à-dire le jour où le premier des prophètes, prêt à sacrifier son fils à son dieu, a vu sa main arrêtée et s’est fait dire que le sacrifice d’un mouton aurait la même valeur, symbolique, d’allégeance.
Ce geste, cet événement, marque pour les trois religions du Livre l’origine de l’Alliance scellée avec le Dieu unique. C’est le fondement du monothéisme, le début reconnu par Israélites, Chrétiens et Musulmans, de ce qui fait l’essence de leur foi.
Quand la question se posera, un jour, de reconnaître symboliquement la diversité des cultes en France, et d’accorder symboliquement un jour férié à la seconde des religions du pays, Idd el Kebir pourra être la célébration la plus consensuelle, celle où pourront se retrouver aussi les autres cultes et églises monothéistes, dans la célébration de leur origine commune, de ce qui les rassemble.
Même les incroyants pourront s’y associer en voyant aussi dans le progrès certain que constitue le renoncement au sacrifice humain le symbole du passage de la barbarie à l’humanité.
Donc voilà une fête qui, en accordant une reconnaissance plénière à une partie substantielle de la population, peut servir à manifester l’intégration de celle-ci, à la faire mieux connaître, et à rappeler l’unité de racines là où trop souvent sont mises en exergue les divisions.
On dira qu’il y a assez de jours fériés comme ça, et qu’il ne faut pas en rajouter. Cela fait sens.
On peut alors imaginer de retirer de la liste une des fêtes catholiques, finalement plutôt nombreuses. 
Je propose de banaliser le 15 août, l’Assomption.  En pleines vacances, ce jour passe inaperçu, sinon comme signal de l’approche du retour au boulot. Cela n’affecterait pas les droits acquis du loisir, comme les grands ponts du printemps. La dimension religieuse de cette fête échappe à la plupart, hormis les Catholiques très pratiquants, qui pourront d’ailleurs toujours révérer la Vierge ce jour là, même si les autres travaillent (ou sont en congé). Enfin, c’est celle des fêtes religieuses qui est la plus clivante, liée à un des dogmes les moins admis et des plus récents.

Mais ce n’est que suggestion de mécréant, laïque, qui reconnaît cependant au fait religieux une importance de taille dans le tissus social, et qui considère qu'accorder de la considération à ceux qui y prêtent foi est une composante essentielle de la laïcité.

samedi 5 octobre 2013

L'infâmie de demain

Après les derniers naufrages
Il y a eu la Collaboration, puis la Shoha et les déportations de Juifs, il y a l’esclavage et la traite négrière, la colonisation et ses expositions d’indigènes in situ, illustrées récemment au Musée Branly, sous le patronage des plus respectables personnalités. Autant d’infamies remontées du passé, où l’horreur et le crime ont été perpétrés chez nous, par les nôtres. Auxquelles la population globalement a assisté passive, indifférente, en participant parfois, en bénéficiant – plus ou moins directement – toujours, même si sans le savoir. Et la dénonciation, indisspensable pour les générations qui montent, de dire en sous-jacent que nous sommes tous implicitement les complices.
Je ne doute pas que la prochaine de ces infamies, qui sera montrée du doigt dans cinq, dix, vingt ans, sera le sort réservé aux migrants, qui meurent noyés en Méditerranée ou dans l’Atlantique, dans les soutes des avions, en traversant le désert, pris aux pièges des conflits des pays de transit, victimes des exactions des passeurs... Ceux qui tentent tout, risquent leur vie, pour fuir leur pays et atteindre la galère qui leur semble un fabuleux espoir.
Pas de jour, pas de mois, sans que le nombre de morts ne soit lourd. Pour ne parler que de ceux qui sont connus, recensés, retrouvés. Un dixième, un centième de ceux qui disparaissent à jamais dans les sables ou les eaux ?
Car si certains tentent de rejoindre l’Europe à tout prix, d’autres ont pour but Mayotte, le Guyane, ou la péninsule arabe, l’Australie, les pays prospères d’Asie.
Il y aura bientôt des monuments, des stèles à Lampedusa, à Gibraltar. On conservera des pans de barbelés autour de Ceuta, pour mémoire. Les murs qui s’érigent à des frontières projetteront leurs sinistres ombres. Des historiens tenteront de dresser des listes de victimes. De chiffrer.
Nul doute.
Pour autant l’indignation, la compassion, naturelles et nécessaires, ne font rien avancer, que monter d’un cran quand les chiffres atteignent des records, que se déliter quand on revient à l’ordinaire.
Qu’est-ce qui pousse tous ces jeunes pour la plupart à risquer leur vie, en connaissance de cause, pour gagner des rivages hostiles où ils vont, ils le savent, galérer malgré l’espoir de s’en sortir quand même ?  Comment les dissuader de courir ce risque fou ?  
Car  la parole de Rocard reste incontournable : on ne peut accueillir tous les candidats à l’émigration.

Que faire alors ? « Accueillir largement, expulser résolument » me semble depuis longtemps être la politique humaine, raisonnable  et de gauche à suivre. Il faut que je développe ça, cessant de procrastiner.