vendredi 9 novembre 2018

"Accueillir largement, expulser résolument"

Ainsi pourrait s'énoncer une politique progressiste de l'immigration.

Les quelques idées énoncées ici, sommairement, ont été développées dans une autre note de blog, que vous pourrez lire en suivant ce lien.

Préambule :       De quoi sera faite la honte de demain
La mort des migrants – en mer ou en chemin – sera demain une honte comme l’esclavage ou l’holocauste. La mort n’arrête pas le migrant. Comment sortir, à gauche ou avec progressisme, du dilemme : fermeture/portes grandes ouvertes ?. 5

Avant-propos :    Faire des migrants des atouts pour le pays.
D’abord, il est impératif de prendre en charge dignement les arrivants. Statuer rapidement sur leurs demandes et appliquer les décisions. Trouver la bonne manière de les accueillir, selon une hospitalité attentive et adaptée, avec un personnel formé à ces modalités. Faciliter leur insertion dans la vie de la société. Autant d’objectifs que pouvoirs publics et associations doivent se donner ensemble.

Idée 1 :      Barrage contre le Pacifique, rien n’empêche. 5
La réponse de l’Europe : s’enfermer. On rejette ainsi les voyageurs de bonne foi. Cela n’empêche pas les entrées, qui forcent la porte par tous les moyens. La souffrance, le danger, la mort ne découragent pas. 5

Idée 2 :      Une politique contre-productive. 6
C’est inefficace et contre-productif. On rejette les « bien intentionnés », et les autres passent quand même. Cela crée du ressentiment chez tous, qui se sentent rejetés, victimes d’injustice. Cela crée de la haine, dans notre arrière-cour, et même chez nous. Cela favorise l’immigration clandestine : qui a la chance de passer reste, l’occasion ne se représentera plus. La politique actuelle est un échec complet. Que faire d’autre pour TARIR les flux ?.. 6

Idée 3 :      L’appel de « Là-bas ». 7
On ne peut, d’évidence, accueillir tous les candidats à l’immigration. Ils sont millions. Le déséquilibre des niveaux de développement en est la cause. Mais en attendant que les pays du Sud émergent (il faut les y aider), il faut trouver des pis aller, des solutions transitoires, les moins injustes possibles, reposant sur des règles claires qui fassent la part à l’humain. 7

Idée 4 :      Régulariser ?.. 9
On se focalise sur le clandestin. Pour en faire une victime – ou un bouc émissaire. Mais c’est s’enfermer dans un dilemme insoluble. Etre clandestin est dur à vivre, dans la précarité permanente, mais c’est aussi s’être mis dans l’illégalité. Immigrer clandestinement n’est pas un crime – on ne peut en tenir rigueur moralement aux individus – mais une société doit faire respecter les lois qu’elle s’est données. 9
De plus, les clandestins posent des questions sociales, à leur corps défendant. Tantôt ils pèsent lourdement sur les réguliers qui les entretiennent, dont ils rendent difficile l’intégration. Tantôt ils sont mis en servitude par ces derniers, qui profitent de leur fragilité. Les deux situations sont inacceptables socialement et humainement. Contraire à des valeurs progressistes. 9

Idée 5 :      D’une vraie solidarité. 10
Si les clandestins peuvent mériter une bienveillance humaine à titre individuel, la solidarité à leur égard ne peut être érigée en politique, car elle est partielle, et inadéquate. (1) La clandestinité génère des situations inacceptables. (2) La régularisation massive ne fait pas cesser la clandestinité, elle constitue au contraire un encouragement à émigrer. (3) On a ses clandestins comme on avait ses pauvres : charité de dames-patronnesses. (4) On ne s’émeut que de ceux qui viennent mourir sous nos yeux : pure sensiblerie. (5) On donne la prime aux risque-tout et aux meilleurs tricheurs, ceux qui sont passés. (6) On ignore ceux qui voudraient venir, et qu’on rejette en masse. DONC, c’est le contraire d’une solidarité avec les populations du Sud. 10

Idée 6 :      L’Afrique, notre arrière-cour. 12
L’Afrique n’est pas un continent étranger. Nous sommes inextricablement liés. A travers nos citoyens qui en sont originaires, à travers les immigrés en situation régulière qui résident chez nous, à travers les clandestins, à travers les populations qui l’habitent, dont les représentations, les imaginaires sont pétris, à notre égard, d’un affect complexe résultat d’une longue histoire. Il est très imprudent de se faire des ennemis. Les attentes à notre égard sont nombreuses, parfois faites d’illusions, ou fantasmatiques, impossibles, dans leur globalité, souvent, à satisfaire. Mais que la désillusion, inévitable, arrive avec un ressenti de mépris, d’indifférence, d’incompréhension, d’humiliation, alors l’hostilité, la haine surgissent naturellement. Or, notre politique migratoire actuelle est une machine à produire ce processus. 12

Idée 7 :      Accueillir largement 13
Quelle pire marque d’hostilité, quelle pire humiliation que de se faire fermer la porte par celui à qui on veut rendre visite, avec qui on se sent un rapport étroit ? Il faut ouvrir les portes, donner des visas, accueillir ceux qui veulent venir nous voir, voir à quoi ressemble l’Europe, ces nouvelles couches moyennes qui veulent dépenser et profiter. Ceux qui veulent visiter leur famille. Mais aussi attirer ceux qui veulent étudier, se former, si on veut avoir encore quelque rayonnement à l’avenir. 13

Idée 8 :      Former les élites : la vie après les études. 14
C’est un enjeu d’avenir majeur : former les élites des pays en développement. Pas seulement pour les études, mais aussi pour les débuts professionnels. L’avenir de l’Afrique se fera avec les Africains qui seront partis ailleurs, qui seront revenus avec de l’expérience, une connaissance du travail, du management, et de l’activité économique. Mais aussi avec des réseaux, des technicités, des attachements. Les laisser partir ailleurs, c’est se priver d’avenir. DONC (1), favoriser les visas d’étude, (2) favoriser les périodes de travail en entreprises, (3) favoriser les retours pour aller exercer au pays, avec la garantie de retour possible en cas de déboire. 14

Idée 9 :      Expulser résolument 15
Mais cet accueil, très large, doit être réglementé et contrôlé. Les autorisations de séjour sur le territoire sont limitées dans le temps, et cette limite doit être respectée. Tout dépassement doit être sanctionné par l’expulsion. Sans état d’âme. Cela doit être expliqué dès avant aux intéressés, ainsi qu’à l’opinion. L’objectif est (1) de faire respecter la loi – ce qui est une demande populaire forte, et (2) de rendre vaine l’immigration irrégulière, et ainsi en tarir le flux : on ne dépense pas des fortunes, on ne risque pas la mort pour un projet inutile. 15

Idée 10 :        Une immigration choisie, et non subie. 16
Les flux migratoires ne doivent plus être subis, mais acceptés et contrôlés. L’expression « immigration choisie » a été détournée, accolée à une mauvaise politique. Il faut lui redonner un contenu positif, fait de valeurs de solidarité, de légalité républicaine, de justice aussi en donnant leur chance aux gens de bonne foi, et non plus aux fraudeurs et risque-tout. Le clandestin ne doit plus être une victime, mais quelqu’un qui n’a pas tenu ses engagements. 16

Idée 11 :        Modalités pratiques : le coût 17
Expulser un clandestin coûte très cher. Pour financer cette politique, il faut à la fois générer des moyens, et dissuader la clandestinité. (1) Créer un fonds, alimenté par exemple par une augmentation des visas, une taxe minime sur les billets d’avion, etc. (2) Exiger des personnes constituant un « risque migratoire » (actuellement rejetés) un dépôt de garantie, restitué lors du retour dans les temps. 17

Idée 12 :        Modalités pratiques : la mise en œuvre. 18
La mise en œuvre de ces dispositions ne poserait pas de problème particulier à nos Consulats. En France, les procédures actuelles datent, et sont inadaptées à l’évolution du problème. Le contrôle des mouvements migratoires devrait être confié à un ministère spécifique : leur bonne gestion n’est pas une affaire de police mais de gestion d’une ressource pour le pays. Parallèlement, pour traiter rapidement les infractions au droit de séjour, on pourrait créer des instances de jugement spécifiques, qui déchargeraient les tribunaux et accéléreraient les expulsions. 18

La question des réfugiés  19


Idée 13 :        PREAMBULE
Poser des principes : lorsqu’une crise grave éclate dans un pays (1) les populations victimes qui tentent de la fuir doivent bénéficier de solidarité ; (2) ce ne doit pas être un fardeau pour les pays limitrophes où les populations affluent ; (3) ce ne doit pas être une aubaine pour une migration « rêvée ». 19

Idée 14 :        Distinguer : exilé, réfugié, migrant 21
L’exilé est un individu qui ne peut rentrer dans son pays car il y est personnellement menacé. Le réfugié a fui en masse une situation de crise, en attendant qu’elle se résolve. Il est dans un groupe, il est traité collectivement, souvent dans des camps organisés par des instances internationales. S’il dépose, à titre individuel, une demande d’asile qui est approuvée, il est alors accueilli dans un autre pays où il bénéficie du statut de réfugié. Sa condition n’est alors pas différente de celle de l’exilé. Le migrant quitte son pays sur décision individuelle sans menace autre que l’impossibilité ressentie à s’y accomplir, ou à répondre aux attentes des siens. 21

Idée 15 :        Répondre aux demandes d’asile. 22
Il faut poursuivre la tradition française de générosité d’accueil, mais avec discernement. L’octroi du statut de réfugié aux demandeurs d’asile parvenus sur le territoire français doit se faire (1) avec rigueur, lorsque la menace subie est avérée et (2) avec rapidité, pour éviter de créer des situations de fait. Il peut aussi relever du tribunal spécialisé mentionné précédemment. Mais il faut peut-être accroître très sensiblement l’asile accordé aux demandeurs placés en camps de réfugiés. Une façon d’avoir une immigration large et choisie. 22

Idée 16 :        Une réponse internationale aux situations de crise. 23
Les populations de réfugiés, générés par les situations de crise, relèvent d’un traitement international, à travers des instances multilatérales opérant en coordination avec les pays voisins ou proches des foyers de crise. C’est la vocation d’un UNHCR qui serait réformé, dé-bureaucratisé, apte à répondre à l’urgence comme à gérer le devenir de ces populations à moyen terme. Dans l’attente, l’Union Européenne peut aussi, collectivement, prendre sa part, voire se montrer pionnière. 23

Idée 17 :        Les migrants, en conclusion.. 24
Les réfugiés sont dans des situations transitoires. A terme, la plupart retourneront chez eux. Certains auront été accueillis dans un pays avec statut de réfugié, ou essaieront de migrer. Ainsi, dans tous les cas, l’axe d’une politique audacieuse, responsable, généreuse et durable, tient dans les deux termes indissociables : « Accueillir largement, expulser résolument », une politique fondée sur des valeurs d’ouverture, de justice, mais aussi de rigueur et de respect des engagements. 24

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire