samedi 17 avril 2021

Le RWANDA et moi

 

Je n’y suis jamais vraiment allé – traversé quelques fois, pour rejoindre Kampala de Bujumbura, un ou deux séjours de 48 heures tout au plus, pour je ne sais plus quoi – mais j’ai rencontré ce pays dans ma vie.

Makerere University, Kampala

J’enseignais, mon premier poste, le français langue étrangère à l’université de Makerere, à Kampala. J’y suis resté huit ans, d’abord occupé surtout par des débutants, plus tard chargé beaucoup plus des « Avancés », ceux des étudiants pour lesquels le français était une matière principale. De quoi voir passer plusieurs promotions, de les suivre, pendant ces années de dictature féroce en Ouganda, suivies d’autres dangereuses de guerre civile chaotique, toutes marquées par des pénuries profondes, des conditions de vie éprouvantes, qui obligeaient les étudiants à tirer plusieurs diables par la queue. Huit ans, le temps de nouer des liens forts, de maître à disciples, dont certains durent encore qui se sont transformés en amitiés solides.

Dans chacun des groupes, au fil des années, une certaine proportion d’étudiants se disaient Rwandais, ou Rwandaises bien entendu. En fait, il s’agissait des enfants des réfugiés tutsis qui avaient fui les massacres – je ne sais si le label de génocide a été retenu, mais c’est secondaire – dont le groupe minoritaire a été victime, à la suite de l’indépendance du Rwanda en 1960 et de l’occupation du pouvoir par les partis hutus.

Beaucoup ont été tués, d’autres ont fui en masse, pour la plupart vers l’Ouganda qui les a accueillis sans grande aménité et installés, surtout, dans sa province de l’Ouest, l’Ankole, proche de leur pays d’origine, géographiquement, mais aussi socialement, culturellement. Une forte communauté de réfugiés se sont donc installés dans cet ancien royaume à l’histoire et aux institutions comparables à celle du Rwanda, où on parlait une langue parente de leur kinyarwanda.

Pour autant, ce n’était pas forcément la belle vie. Accueillis, certes, mais a minima. Pas question d’en faire des citoyens ougandais à part entière – mais le souhaitaient-ils même ? puisqu’ils avaient à l’esprit toujours l’espoir de retour et l’idée de vengeance des maux et des spoliations qu’ils avaient subies. Les années avaient passé, émoussant les espoirs, la situation s’était figée, la vie avait continué, et c’étaient maintenant, en cette fin des années 70, les enfants qui avaient grandi en exil, parfois y étaient nés, les quelques meilleurs qui avaient réussi à montrer leurs capacités, qui arrivaient à l’Université.

Etait-ce dans cette perspective qu’ils apprenaient le français ? La question ne m’est jamais apparue, tellement je ne concevais même pas l’hypothétique retour. Mais eux ? Ce n’est que plus tard, résidant au Burundi, que je me rendrais compte de l’insondabilité des pensées des gens des Collines, de cette capacité à conserver enfouies des années durant sans qu’il y paraisse des rancoeurs, des haines, des ambitions, des espoirs, entretenus au plus profond jusqu’à ce que des circonstances, étincelles, permettent la déflagration. Les Rwandais, justement, allaient le révéler aux yeux du monde glacé d’horreur en 1994. Mais ce serait plus de 10 ans plus tard.

Ces étudiants rwandais me surprenaient déjà. Peu étaient seulement moyens. Je ne parle pas de la taille, celle des grands Tutsis, élancés, typiques. Un bon nombre se sont révélés particulièrement brillants. Une intelligence vive, acérée, une aisance dans le maniement des idées, dans leur expression. Parfois aussi ombrageux, distants, supérieurs presque hautains sans jamais dépasser les limites. J’ai pris de réels plaisirs à débattre avec ceux-là, à discuter tel point de littérature ou de civilisation, à devoir argumenter sur le fond. Ou celles-là, car si les filles se montraient moins altières, elles avaient autant de caractère. Et puis à l’opposé, j’en ai rencontré quelques cas, là et nulle part ailleurs : ces étudiants qui dans une langue sans faute, dans un français grammaticalement irréprochable, pouvaient remplir des pages de dissertation sans qu’à aucun moment ne se produise un sens cohérent, une idée compréhensible. Vous arriviez au bas de la page, au terme du devoir, en vous demandant ce qu’il avait bien pu vouloir dire, en quoi il avait si peu que ce soit abordé la question et donc comment évaluer ça.[1]

J’ai donc eu d’assez nombreux étudiants rwandais, anglophones, grandis en Ouganda avec le poids de l’exil, la vie pas facile de qui n’est pas citoyen, qui reste étranger, et qui essaie de se faire une place dans ce pays de refuge. Victimes de discriminations aussi, à l’embauche, à l’accès à des responsabilités, aux études. Avec les aléas politiques des régimes locaux changeants, qui parfois ont supprimé la gratuité de la scolarité pour les non-Ougandais, ou le droit aux bourses. Au point que certains étudiants, qui s’étaient toujours présentés comme Ougandais, se sont révélés, bien plus tard, être en fait des Rwandais dissimulés. On va le voir.

Université de Provence, Aix

Dans le cursus de français, il était prévu, à la fin des études, une fois la licence obtenue, un séjour de six mois en France, financé par la Coopération Française, pour parfaire la maîtrise de la langue. Dans les conditions de vie, ou plutôt de survie, de pénurie générale, prévalant alors en Ouganda, ce stage était un don du Ciel. Certes, nos étudiants travaillaient avec grand sérieux. Mais par ailleurs, l’objectif primordial était d’économiser le plus possible sur le montant, pourtant pas mirobolant, de la bourse qui leur était donnée pour se constituer de quoi se changer la vie au retour au pays. Les bagages, lors du départ, étaient hallucinants. Des valises de vêtements, ou de cosmétiques, que l’on allait revendre pour se constituer un pécule. Qui ramenait deux machines à coudre pour établir un atelier qui lui assurerait un revenu, puisque le salaire qu’il allait recevoir dans la fonction publique n’avait qu’un pouvoir d’achat dérisoire. Tel autre avait investi dans … Cette frénésie – irrépressible – d’économie avait parfois des effets désastreux. On rognait tant sur la nourriture que certains se sont retrouvés à l’hôpital, dénutris.

Cette année-là, le groupe d’une douzaine de Makerereans était parti à Aix-en-Provence, et non plus à Besançon comme auparavant, où en plus de tout il fallait combattre le froid. La promotion, que j’avais suivie depuis son arrivée sur les bancs de l’Université, était plutôt bonne et comptait quelques solides éléments. Nous nous étions bien entendus. Ils avaient été particulièrement suivis par une des profs de la Fac de Lettres, qui était venue à Kampala en tant qu’« external examiner »[2] et connaissait donc bien leur situation.

A la fin du stage, deux d’entre eux, une fille et un garçon, Edith et Bosco, ont exprimé leur volonté de rester pour poursuivre leurs études. Ils s’étaient inscrits à la fac en licence, et entendaient obtenir une maîtrise, voire au-delà. Longues discussions, mais la décision était prise, malgré le saut dans l’inconnu que cela représentait : plus de bourse, plus de logement, plus rien. Ils savaient. Au final, l’un et l’autre ont brillamment obtenu un doctorat, dans le minimum de temps, en finançant eux-mêmes leurs études, l’une avec des gardes d’enfants et des ménages, l’autre avec de la manutention et autres petits boulots. Chose finalement commune chez nous, mais inouïe alors là-bas. J’en reste impressionné.

Entre-temps, j’avais quitté l’Ouganda pour un autre poste en Afrique, mais je revoyais régulièrement Edith[3] et Bosco quand je revenais en France pour les vacances, à Aix. Je suivais leurs progrès, j’écoutais ce qu’ils me disaient de leur vie, sans jamais se plaindre. Avant que je ne quitte Makerere, Bosco m’avait demandé d’aider sa fiancée dans ses démarches pour le rejoindre. Elle faisait de brillantes études de vétérinaire, et il souhaitait qu’elle les poursuive en France, tant la vie au pays était devenue dure pour elle, et tant l’éloignement aussi leur pesait. Nous y étions parvenus sans trop de difficultés.

Les années avaient passé. A l’Université Ahmadu Bello où j’enseignais, dans le nord du Nigeria, nous avions trouvé une petite communauté ougandaise exilée qui y exerçait aussi, et qui nous avait immédiatement adoptés. L’Ouganda était toujours au cœur. Nous avions suivi de près avec eux l’arrivée au pouvoir de Museveni et la pacification du pays. J’admirais déjà avant le bonhomme. Son approche politique me semblait – et me semble encore, celle de cette époque – excellente. A nos amis Ougandais aussi, qui sont progressivement repartis au pays pour participer à sa reconstruction.

Ministère de la Coopération, rue Monsieur, Paris

Mon contrat au Nigeria terminé, j’avais été nommé en province pour enseigner en collège. Jusqu’à ce qu’au tout début de 1991 j’obtienne un poste à Paris, au Ministère de la Coopération. Bosco aussi était en région parisienne. Une fois son doctorat obtenu, il avait trouvé un poste de coordinateur de projets dans une importante ONG française, tandis que Rosine, devenue vétérinaire, travaillait dans un établissement public, à Maisons-Alfort je crois. Nous avions gardé contact, nous nous sommes revus.

A la Coopération, j’ai vite saisi qu’il ne fallait pas trop la ramener avec l’Ouganda, et surtout ne pas montrer sa sympathie. Ce Ministère était peuplé de personnes remarquables et dévouées, de grandes intelligences et sensibilités. S’y étaient accumulées l’expérience et la connaissance intime des réalités africaines, renforcées par une profonde empathie. Mais tout ce qui sortait de l’espace francophone et du « pré carré », le reste du continent, était un trou noir, terrae incognitae. Et comme sur les cartes anciennes les zones inconnues étaient peuplées de fantasmagories. Il y avait là force a priori, idées toutes faites, fantasmes simplificateurs.

Ainsi, Museveni était voué aux gémonies. N’allez pas plus loin, c’était l’homme des Américains, marionnette téléguidée pour nuire à la France.[4] Cela énoncé, la cause était entendue. Rien à en tirer, rien à ajouter. Anathème.

Mais l’hostilité était au centuple à la Mission Militaire, tout à côté de nos bureaux.

Entre temps, en octobre 90, la branche armée du Front Patriotique Rwandais (FPR) avait pénétré le territoire du Rwanda. Fondé en 1987, le FPR regroupait surtout la jeune génération des Rwandais réfugiés, qui avaient constitué en 1978-79 une bonne partie des troupes du UNLF de Yoweri Museveni lors de la « guerre de libération » qui avait chassé Idi Amin, et donc beaucoup avaient plus tard dès 1982 rejoint la guérilla du même Museveni en lutte contre Obote. D’ailleurs, nombre de ces descendants de Rwandais occupaient des postes éminents dans la nouvelle armée ougandaise (UNLA), ce qui froissait sensiblement les officiers autochtones. Le FPR s’était donné dès le départ comme objectif la reconquête du pouvoir à Kigali, ou plus officiellement le renversement du régime ethniciste hutu en place. Selon toute vraisemblance, on s’était entendu : les militaires rwandais quitteraient l’armée ougandaise en échange de l’appui de l’Ouganda à leur tentative de retour au Rwanda. Ce qui fut fait, de manière indéfectible.

Cette invasion du Rwanda par l’Ouganda (le raccourci allait de soi) avait largement outré en France, mais carrément ulcéré la Mission Militaire. Surtout à partir du moment où - et j’étais déjà arrivé à ce moment-là – le FPR avait commencé à s’imposer – par quelques moyens que ce fût - et fait subir des revers sanglants aux Forces Armées Rwandaises (FAR). Ulcération. Et c’est peu dire, à en croire les quelques échanges, les propos autour de la machine à café, ou des bribes de conversation entendues à la cantine, car l’indignation est sonore.

D’abord, ça crevait les yeux, c’était un coup des Américains, on l’a dit, qui voulaient affaiblir notre influence récemment établie dans une zone hors de nos anciens territoires, où on entendait remplacer les Belges qui s’en occupaient peu. Depuis presque deux décennies, progressivement la France avait établi une coopération de plus en plus étroite, tout particulièrement dans le domaine militaire, qui était devenu une chasse gardée.

Ensuite, c’était une provocation inouïe. Comment, une bande de minables, même pas une armée régulière, qui ose s’attaquer à nos amis, nos protégés ! Quelle audace ! C’est la France qu’on défie ainsi ! Au début, l’espoir qu’il n’en serait fait qu’une bouchée. N’avait-on pas formé les FAR ? Plus tard, quand celles-ci se furent souvent débandées, que le FPR eut pris le contrôle de certaines parties du pays, ce fut l’incompréhension, et l’humiliation, donc la fureur. L’Armée Française était remise en cause, directement : son savoir-faire, sa force, l’invincibilité qu’elle se voyait, sur ces terrains-là. Et en plus par qui ? Par des macaques, des guerrillas sans vergogne, des va-nus-pieds sortis d’on ne sait où. L’honneur était atteint, au plus profond.

Enfin, pour tant de membres de la Mission, ces soldats, ces officiers qui étaient défaits, qui tombaient victimes, c’étaient des gens qu’on avait formés, sur place, avec qui on avait fait des écoles militaires, avec qui on avait crapahuté, bu des coups, baisé des filles. Ce qui se passait était inacceptable, insupportable. Blessait profondément.

Voilà l’état d’esprit que je pouvais observer, quasi quotidiennement, au boulot. Et de temps en temps je retrouvais Bosco pour boire un verre, à Odéon ou aux Halles. Il m’avait déjà dit qu’en fait il était Rwandais, qu’il avait prétendu être Ougandais pour ne pas se voir refuser certains avantages réservé aux nationaux, en particulier en matière d’éducation. Il me disait maintenant qu’il était un des représentants du FPR à Paris, et me donnait les nouvelles en provenance de l’autre côté du front. On discutait de la situation. De la stratégie. Je retrouvais les façons de faire qui avaient été celles de Museveni lors de sa conqûete du pouvoir : engager les discussions, obtenir un cessez-le-feu sur la base d’un compromis qui procurait quelques avancées, refaire ses forces et reprendre l’offensive, nouvelles négociations pour obtenir d’autres avantages, et ainsi de suite jusqu’à ce que le fruit, pourri, tombe. Une stratégie qui n’avait pas mal fonctionné puisque, au fil des mois, la zone occupée/libérée par le FPR s’était agrandie, que celui-ci avait obtenu une présence militaire à Kigali, la formation d’un gouvernement avec à sa tête une Hutu modérée, et que les accords d’Arusha allaient consacrer un nouveau compromis …

Et ça fulminait toujours contre ces va-nu-pieds, supplétifs des Américains, qui mettaient en échec les protégés. Humiliation cuisante.

L’assassinat d’Habyarimana a fait (l’expression est mal choisie) l’effet d’une bombe, et le déclenchement du génocide a provoqué la sidération, incrédule d’abord, horrifiée ensuite. De toute part, c’était comment arrêter ça ? qu’est-ce qu’on peut faire ? on ne peut pas laisser continuer les massacres, il faut agir, … Ca a été la grande affaire, le souci de tout le monde. Chez tous les gens du développement, il fallait au plus tôt mettre fin aux tueries, à ce qu’on nommait déjà génocide. Chez les militaires, à ce sentiment-là, indéniable, s’en mêlaient-ils d’autres ? D’autant qu’entre temps le FPR avait repris son offensive et pris le pouvoir à Kigali, consacrant la défaite de l’armée qu’ils avaient formée, de leurs compagnons d’armes.


C’est dans ce contexte qu’est intervenue l’opération Turquoise, présentée comme uniquement humanitaire, au seul objectif de sauver des vies, et qui d’emblée a défini une « zone humanitaire sûre », où il n’était pas question que le FPR qui avançait toujours pénètre, dans sa démarche de prise de contrôle du pays. Un FPR qui était accusé, lui aussi, d’assassiner largement en représailles les supposés complices des massacres de Tutsis.

Que s’est-il passé à l’intérieur de cette « zone » ? Alors que la mission était exclusivement d’empêcher de nouveaux massacres, d’où qu’ils viennent, certains ont-ils espéré un moment que les FAR (Forces Armées Rwandaises, l’armée nationale du régime hutu, pas totalement mais très largement impliquée dans le génocide) se ressaisissent et reprennent l’offensive contre le FPR, avec leur neutralité, leur soutien, voire leur aide ? Cela en tout cas a tourné court, et il ne s’est plus agi que de sauver les meubles, ou plutôt ce qui restait des forces, et des personnels, en tout cas de commandement. Ainsi s’est déroulé l’énorme exode (volontaire ou forcé) des populations hutu vers le Zaïre voisin, dans de gigantesques camps de réfugiés où les cadres génocidaires faisaient largement la loi – comme le raconte une sœur qui y a été envoyée pour aider les réfugiés. Les principaux responsables, exfiltrés, ayant eux trouvé refuge en France ou en Europe, dont l’épouse d’Habyarimana, âme du génocide, dès les premiers jours de son veuvage.

Près de 30 ans après, le débat est encore âpre sur qui a fait quoi. La France est-elle ou non responsable … Les archives s’ouvrent, quelques lumières sont portées sur les points obscurs. Mais on aurait tort je crois de simplifier. D’uniformiser les jeux des acteurs. Sans fantasmes sur un « Etat profond », on peut admettre que des acteurs différents peuvent mener des jeux parallèles, à couvert l’un de l’autre, ou en manipulant les opportunités. Comment, tandis que se déroulait une tragédie invraisemblable que la plupart n’avaient pas imaginée ou cru possible, pas vu ou pu voir se tramer, pas su deviner ou croire (tandis que quelques-uns, par ailleurs, devaient avoir fermé les yeux, ou s’étaient tus), comment donc des politiques ont donné à une opinion demandeuse d’action un récit tout de bonnes intentions ? comment les militaires leur ont vendu une intervention parée des seuls atours humanitaires ? comment d’aucuns y ont vu l’opportunité d’un agenda servant une cause qu’ils croyaient juste et conforme à leurs valeurs ? comment un Président, habité par la défense des intérêts de la France en Afrique, ne voyant là qu’une attaque américaine contre notre présence, via des gens qui de plus avaient lâchement assassiné – tout le portait à le croire – celui avec qui il avait quelques liens d’amitié, a soutenu ou acquiescé à la démarche, en toute connaissance de cause ou n’y voyant que du feu ? comment faucons et colombes sont arrivés à un compromis ? comment certains ont manipulé d’autres ? …

Un écheveau aux intrications multiples, que les historiens finiront peut-être par démêler, au moins partiellement, et qui n’a jusqu’ici servi, de part et d’autre, que la propagande, celle qui se nourrit de simplification et d’occultation des faits, de dénégations stériles.



[1]  J’aurais peut être bien plus tard, lors de mon séjour au Burundi, un élément de la réponse. Dans cette très ancienne culture de montagnards particulièrement taiseux, où rien n’est plus réprimé que l’expression de ses pensées et  sentiments, la seule véritable forme d’art traditionnelle, la plus prisée en tout cas, est paradoxalement l’éloquence. On fait des discours à tout propos. On se distingue par son beau parler. Mais ce beau parler est tout en rhétorique, en figures de style, en proverbes et citations, en formules à double, voire triple sens (on vous le dit d’ailleurs d’emblée : n’essaie pas d’apprendre le kirundi, tu n’y parviendras jamais).  Tant et si bien que le meilleur discours est celui dont on se demande, à la fin, ce que l’orateur a bien pu vouloir dire.

[2] Selon l’usage britannique, en vigueur en tout cas dans les établissements d’enseignement supérieur de leurs anciennes colonies,  les copies d’examen  d’un Département sont relues par un enseignant venu d’une autre Université, aux frais de l’Université hôte, dont le rôle est de valider à la fois la justesse des notes attribuées  et le niveau général de l’enseignement dispensé, reconnaissant ainsi  la valeur du diplôme.

[3] Dr Edith Natukunda, une fois son doctorat en poche, est rentrée à Kampala, a vite obtenu un poste au Dpt des Langues de Makerere, dont elle est tôt devenue le Chef. Elle y enseigne toujours, livre de multiples combats, avec  la fougue et l’intelligence qu’elle a toujours montrées. Nous nous sommes revus. Son amitié fidèle m’honore.

[4]  Pour qui se souvient, le même sort fut jeté sur Ouattara, qui avait quelques idées de changement, à la mort d’Houphouët-Boigny. Venu de la Banque Mondiale,  il ne pouvait qu’être inféodé aux Yankees., et anti-Français. On connaît la suite.

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